La naissance de l’Instant Payment
Par nature, le monde des moyens de paiements est en évolution perpétuelle et les acteurs financiers cherchent en permanence des relais de croissance et de réduction de leurs coûts.
Les dernières avancées technologiques tendent à modifier les comportements des consommateurs qui cherchent désormais à être connectés en permanence et avoir accès à leurs services bancaires à tout moment et n’importe où.
Par ailleurs, les instances européennes travaillent à soutenir la croissance des échanges économiques dans une Europe en pleine mondialisation, volonté renforcée par les besoins du marché de l’e-commerce en forte croissance.
C’est pour répondre à ces nouveaux besoins et enjeux qu’est née l’Instant Payment, commande de l’ERPB (Euro Retail Payments Board) à l’ECP (European Payments Council) avec une ouverture possible du service dès novembre 2017 !
Qu’est-ce que l’Instant Payment ?
L’instant Payment est un service de paiements instantanés en euros (basé sur le service SEPA Inst) devant permettre aux utilisateurs, particuliers comme entreprises, d’envoyer des fonds vers d’autres pays européens en quelques secondes.
Dans le monde bancaire, l’Instant Payment fait l’effet d’une bombe ! Imaginez un service de paiement en euros accessible de votre smartphone, tablette ou autres média :
- en 10 secondes
- avec crédit immédiat
- irrévocable
- et disponible 24 H/24, 7 J/7 et 365 J / an
Quelles conséquences pour le monde des paiements ?
Si l’Instant Payment ouvre de nouvelles perspectives en terme d’échange et d’usage (ex : pour une entreprise, règlement des salaires le même jour à la même heure quel que soit la domiciliation des salariés : ce qui est aussi vrai pour un organisme social à destination de ses populations sensibles; pour un site d’e-commerce, plus de commissions à payer sur les cartes bancaires pour lui et ses clients; pour un étudiant, règlement dans la minute de ses parents face à un besoin urgent de fonds…), il génère néanmoins des impacts structurants sur les métiers des paiements : explications.
1 – Modification des modes de fonctionnement des « moteurs de paiement »
Dans un « monde des paiements » habitué à fonctionner par vacations périodiques tout au long de la journée, l’industrie paneuropéenne se lance dans le temps réel avec une gestion des flux au fil de l’eau imposant une transition dans leurs SI d’un mode d’échange par fichiers vers des échanges interbancaires en temps réel.
Par ailleurs, si les systèmes d’échanges interbancaires actuels ont su s’adapter pour offrir un service d’IP au niveau national, il reste encore à ouvrir ce service à terme (2018), à l’ensemble des PSP (Prestataires de Services de Paiements) européens, mais avec des établissements bancaires qui sont loin de pouvoir offrir aujourd’hui ce service, tant les modifications de leurs SI sont profondes…
2 – Un Business model à repenser
Et les impacts ne s’arrêtent pas là puisqu’il faudra aussi prendre en compte le bouleversement du modèle économique qu’engendre l’IP au regard d’un modèle actuel basé sur les CIP (Commissions Interbancaires de Paiements) en place pour les cartes de paiements ; CIP abrogées dans le cadre des virements européens (SEPA). La question se pose alors pour les banques de savoir quel PNB sera engendré sans CIP pour les transactions IP en euros, si des services à valeurs ajoutés (payants) ne viennent pas compléter l’offre d’Instant Payment ?
3 – Une gestion du risque à revoir
Dans un modèle où le payeur et le bénéficiaire sont respectivement débités et crédités avant que les banques déposent leurs fonds, le risque de règlement reste à gérer pour la banque du bénéficiaire.
Par ailleurs, les éléments de Lutte Contre La Fraude (LCLF) et Lutte Anti-Terrorisme et Lutte Anti-Blanchiment (LAT/LAB) doivent être bien entendu intégrés ainsi que la Directive sur les Services de Paiements (DSP2) axée principalement sur le renforcement de la sécurité (Authentification forte du payeur) et la régulation des nouveaux acteurs (Initiateurs de paiement (PIS) et agrégateurs d’information (AIS)).
Enfin, dans un marché bancaire en pleine évolution, le risque pour les banques de ne pas être au rendez-vous reste grand, au regard des services offerts par les nouveaux acteurs financiers (Prestataires de Services de Paiement (PSP)).
Quelles perspectives ?
Plusieurs pays ont déjà franchi le pas (UK avec le « Faster Payment », Suède, Australie) avec de beaux succès, l’IP est en marche et la France devra se mettre rapidement à la page. A ce titre, les banques françaises préparent leurs offres IP pour ne pas rester sur la touche, avec la perspective de la disparition progressive du chèque (couteux pour les banques) et des cartes bancaires (qui voudra encore d’un modèle où l’on fait payer le consommateur et le commerçant pour l’usage d’un moyen de paiement), voire du papier monnaie : n’appelle-t-on pas déjà l’IP : Cashless cash ?
A lire aussi, l’article de la Banque Centrale Européenne, ICI
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